L’air est asphyxiant. Difficile d’éviter l’horrible odeur d’élections printanières, pire encore que la succession de nids-de-poule et le dégel salissant. L’attention médiatique situera ce court instant «démocratique» au cœur de nos préoccupations, et ne se bornera qu’à celui-ci. Il apparait possible de déblatérer éternellement sur les carences de notre carnaval électoral, il reste que néanmoins ce système permet à de nombreux individus d’avoir accès aux coulisses du pouvoir, de poursuivre leur projet de paupérisation d’une tranche vulnérable de nos compères. L’idée sous-entendue ici n’est en rien de cautionner un procédé électoral horrible, ni même de vanter les mérites d’un parti politique particulier. En fait, il s’agit de contribuer à une réflexion que plusieurs partagent ou entreprendront au cours des prochaines semaines, étant moi-même indécis sur la question.
Précarité, coupure, le mot d’ordre apparait être comme celui de l’austérité, d’un capitalisme débridé. Tant du côté des libéraux que des péquistes, voire de la quasi-totalité de l’Assemblée nationale, il est possible d’assister à une convergence des formations politiques vers ce modus operandi. L’unique différence entre les deux principaux partis mentionnés ci-haut s’applique sur la clarté de l’application des principes néolibéraux. En effet, l’année 2012 permit d’exposer au grand jour les visées libérales, cette formation assumant pleinement leur appartenance envers cette doctrine idéologique. Quant aux péquistes, l’évidence est moins vraie. Se réclamant d’être multicolore, par sa finalité souverainiste, ce parti multiplie les prises de positions ambigües tout en alignant les parades, évitant, du coup, d’afficher sa véritable identité.
Reste que les politiques sociales dictées par la succession de gouvernements des années précédentes ont paupérisé des populations déjà vulnérables. Ceux et celles à qui toute hausse des frais de scolarité est un fardeau supplémentaire, ceux et celles à qui une hausse des tarifs de garderie implique des concessions supplémentaires au sein d’une réalité bien précaire. À ceux et celles qui opposeront à ce constat l’impossibilité des formations politiques alternatives de saisir le pouvoir, il m’apparait pertinent de répondre que le simple vote offre au parti un appui symbolique et financier, il permet aux idées de ce dernier de croitre, de combattre ce consensus idéologique.
À ceux et celles qui s’opposeront à voter, j’espère simplement que vous prendrez soin de vous déplacer afin d’annuler votre vote; loin l’idée de cautionner ce système bidon par cet exercice. Ce qui est sous-tendu ici est de montrer notre attachement envers l’esprit démocratique, que leur cirque électoral ne correspond en rien à la vision à laquelle nous adhérons. Le fait d’annuler notre vote représente une opposition au sens large, débordant de l’enjeu électoral. Ainsi, nous évitons de sombrer au sein de cette masse jugée désabusée et désintéressée de la sphère publique. Au contraire, par notre déplacement, nous montrons une forme d’attachement à quelque chose de bien supérieur.
Il apparait au sein de certains milieux militants un consensus ou un malaise de débattre de la question électorale, donnant l’impression qu’être radical implique une manière précise d’agir. Outre cela, il semble manifeste qu’un changement drastique ne s’effectuera pas demain. Les questions qui se posent ici sont multiples : l’existence de ces formations politiques retarde-t-elle l’avènement d’un jour meilleur? Ne faut-il pas maximiser les fronts de lutte ? Dans une époque où le concept de démocratie est rattaché à celui de marketing, que des enjeux sociaux sont traités en l’espace d’une demi-journée au sein de cette frénésie médiatique, pouvons-nous escompter une meilleure visibilité à des idées trop souvent décriées utopistes ?