Une pré-grève : double victoire pour les grévistes

Jean-Pascal Bilodeau 27 février. Aujourd’hui se sont tenus les premiers piquets de grève de l’AESPEIUM. Bien que ces derniers ne se soient pas fait en son nom mais en solidarité avec le département d’histoire qui a déclenché la grève générale … Lire la suite

Victimisation et convergence, non merci.

Cet article a été envoyé à la Presse qui a malheureusement, après l’avoir jugé trop long, refusé de le faire paraitre. 

Suite à la lecture de l’article d’Émilie Bilodeau par le 23 février 2012 dans la Presse, la consternation face aux déformations de la réalité qui faisaient apparaitre un vote de grève exemplaire pour une dictature a fait l’effet d’une douche froide sur les étudiants

Nous avons donc souhaité par cette lettre rétablir les faits.

Par le billet de la journaliste Émilie Bilodeau, Mme Grenier a émis un doute quant à la légitimité démocratique régnant en Assemblée générale lors du vote de grève de l’AESPEIUM de mercredi dernier : «Mercredi, lors de l’Assemblée générale de son association étudiante, Mme Grenier, qui portait le carré vert symbole des étudiants en faveur de la hausse des droits de scolarité, aurait aimé défendre son point de vue. La salle était pleine à craquer et le président de l’Assemblée n’a pas semblé voir son bras s’agiter dans les airs. Elle a dû passer son tour».

Parmi près de 400 étudiants, est-il possible que le président, élu par la dite Assemblée dont faisait partie Mme Grenier, n’ait pas remarqué celle-ci? Cela n’est ni nouveau ni scandaleux, considérant que ce même président doit établir un ordre de parole dans une foule considérable. Y tirer une quelconque théorie du complot, c’est faire preuve d’une mauvaise foi totale alors que l’Assemblée s’est déroulée dans le calme le plus complet, sans huées ni insultes, par vote secret de surcroit.

De plus, non seulement Mme Grenier n’a pas utilisé les recours possibles en Assemblée pour signifier qu’on ne l’avait pas vu (notamment le point d’ordre) mais elle a brillé par son absence tout au long des nombreuses Assemblées générales de débat et rencontres d’informations sur la grève ou sur la hausse où elle aurait très bien pu, comme certains l’ont fait, exprimer son opinion.

Menaces : deux poids deux mesures

Ailleurs dans le texte, Mme Bilodeau écrit : «Dans un cours de politique et économie de l’Université de Montréal, le professeur a demandé à sa classe de se prononcer sur la hausse des droits de scolarité. Mme Grenier a osé prendre la parole, mais ses propos ont déclenché des huées dans l’auditorium de 300 personnes, soutient-elle». Cela est FAUX. Le professeur de ce cours, que nous ne nous permettrons pas de nommer, a lui-même envoyé un communiqué à ses étudiants jeudi dans la journée pour démentir la chose et se distancier des allégations de Mme Bilodeau.

La grève soulève des tensions, et ce, des deux côtés. Il faut rappeler que tout condamnables qu’ils soient, les commentaires acerbes ne sont pas l’apanage d’un camp. Aussi les pro-grèves sont-ils régulièrement traités de «communistes», de «stalinistes» et de toutes sortes de noms. Nous avons même personnellement reçu des menaces de voies de faits physiques si nous «osions» piqueter devant les cours, et avons été insulté dans les transports en commun.

 Il faut comprendre que nous ne cautionnons aucunement les menaces, ni dans un camp ni dans l’autre. Nous y serons toujours farouchement opposés. Mais la victimisation d’un camp suivant une collection de témoignages clairement biaisés et complètement partisans ne démontre qu’une chose ; leur instrumentalisation aux fins de discriminer le mouvement étudiant.

Ce qui nous choque, au fond, est moins la campagne de délégitimation de Mme Grenier tout à fait prévisible (bien que de déplorable) que le travail journalistique d’Émilie Bilodeau, qui, même après avoir contacté l’association, a tout de même publié de telles insinuations tout à fait illégitimes.

Mercredi dernier a eu lieu l’Assemblée générale extraordinaire de l’association des étudiants en science politique et études internationales de l’Université de Montréal. C’est presque 400 étudiants, 50% de nos membres, qui se sont prononcés sur la question de la grève générale. Celle-ci a été adoptée à plus de 75% des voies, un acte démocratique enlevant et dont nous, étudiants concernés par les enjeux politiques contemporains, devons être fiers.

Nous tenons également à rappeler que la grève est un acte profondément démocratique s’il est accompagné d’un processus légitime. Ce qui a été le cas dans notre assemblée, à tous points de vue.

Jean-Pascal Bilodeau et Stéfanie Bergeron, étudiants en études internationales 1er cycle à l’Université de Montréal.